35 heures : Macron, l’homme qui tire plus vite que son ombre

Dans un entretien accordé au Point, Emmanuel Macron plaide en faveur d’un assouplissement des 35 heures. Cette déclaration, qui suscite déjà beaucoup de remous à gauche, est antérieure à sa nomination à Bercy. Mais, pris de court, Matignon s’appuie sur ce mauvais timing pour rectifier le tir de son nouveau ministre de l’Economie.

Mardi soir, Emmanuel Macron, ex- secrétaire général adjoint de la présidence de la République, est subitement passé de l’ombre à la lumière après l’annonce de la composition du gouvernement Valls II. Déçu de ne pas avoir été intégré dans la première équipe ministérielle constituée en avril après la démission de Jean-Marc Ayrault, cet énarque de 36 ans, passé par la case de la banque d’affaires Rothschild en 2008, s’était mis au vert cet été sans savoir que son exil serait interrompu par le remue-ménage créé par Arnaud Montebourg, débarqué aussi sec par Manuel Valls.

Jusqu’à cet instant, peu de gens, y compris parmi les journalistes, connaissait le grain de voix d’Emmanuel Macron, même si son discours politique portait haut et fort dans les couloirs de l’Elysée. Jeudi, deux jours après sa nomination à Bercy, cette parole très libérale a été plus vite que la musique orchestrée par Valls depuis son fauteuil de Matignon. Dans un entretien diffusé par Le Point, Macron se dit favorable à une extension dans toutes les entreprises des accords majoritaires permettant de moduler le temps de travail, fixé aujourd’hui par la Loi à 35 heures hebdomadaires.

Cette sortie, qui se heurte violemment à un symbole idéologique de la gauche, n’inaugure pas à proprement parler une nouvelle série de couacs dont la promotion Ayrault s’était fait la spécialiste entre 2012 et 2014 : l’interview en question avait été réalisée avant la nomination de Macron à Bercy. Ce qui ne l’exonère pas pour autant de ses idées, mais permet néanmoins à Manuel Valls de rectifier le tir en limitant les dégâts dans l’opinion et surtout dans les rangs des députés socialistes : « Le gouvernement n’a pas l’intention de revenir sur la durée légale du travail à 35 heures, l’organisation du temps de travail peut déjà être modulée ‎dans les entreprises dans le cadre d’accords collectifs » ont souligné les services du premier ministre, résolu à couper court à tout début de polémique susceptible d’entamer encore un peu plus la cohérence déjà très précaire d’une majorité parlementaire scindée entre les partisans d’un virage à gauche et ceux qui souhaitent poursuivre la ligne socio-libérale tracée en 2014.

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