Une importante proportion de femmes ferait progresser plus vite les entreprises

Voilà un nouvel argument pour les fervents défenseurs de la parité hommes-femmes au sein de l’entreprise : les travaux d’un professeur de l’Ecole Supérieure de Commerce de Nice-Sophia-Antipolis indiquent qu’une forte proportion de femmes permettrait aux entreprises de réaliser une meilleure croissance de leur chiffre d’affaire, mais aussi de leur productivité.

Michel Ferrary, professeur à l’Ecole supérieur de commerce de Nice Sophia-Antipolis (Ceram Business school), a mené une étude qui révèle que pour doper leur chiffre d’affaire, les entreprises auraient tout intérêt à embaucher plus de femmes.

Le chercheur, déjà auteur d’une publication qui indiquait que les entreprises les plus féminisées du CAC40 résistaient mieux à la crise, a sélectionné 42 entreprises françaises choisies parmi les plus grandes en termes de capitalisation boursière ainsi que quelques autres permettant des comparaisons par secteur (Hermès par exemple n’appartient pas au CAC40 mais offre des éléments de comparaison avec LVMH qui en fait partie).

Il a ensuite séparée les entreprises en deux catégories selon qu’elles comportaient plus ou moins de 35% de femmes dans leurs effectifs. Si 35% est la proportion retenue pour séparer la population statistique de l’étude en deux, c’est parce qu’elle est défini comme le seuil à partir duquel un groupe social minoritaire a le pouvoir de véritablement influencer le fonctionnement d’une organisation (travaux d’une chercheuse et professeur de la Harvard Business School).

Principal enseignement à retenir de l’étude : les entreprises qui emploient plus de 35% de femmes affichent une progression de leur chiffre d’affaire de 28,5% supérieure aux autres ! De quoi faire réfléchir et donner des idées aux DRH.

2. Des entreprises plus productives et plus rentable avec une croissance en bourse plus faible.

L’intérêt de dépasser le seuil de 35% ne s’arrête pas qu’à la question du chiffre d’affaire.

En effet, les résultats de l’étude plaident pour un effet positif de la féminisation des entreprises pour ce qui concerne également la productivité et la rentabilité : respectivement 48,6% et 116,1% de mieux que les entreprises dont la proportion de femmes n’atteint pas les 35%. Il s’agit également d’entreprises qui créent plus d’emplois : +72,9%.

A savoir : tous ces résultats positifs ne concernent pas des entreprises qui nomment des femmes à quelques postes clés de leur encadrement pour se donner une image exemplaire en matière de parité. C’est bien l’effectif global de l’entreprise qui a été pris en compte par le chercheur pour différencier les sociétés.

Seule ombre au tableau, l’étude de Monsieur Ferrary met également en évidence qu’une importante proportion de femmes dans l’entreprise est corrélée à une progression plus lente du cours de bourse. Ainsi les entreprises comprenant la plus grande part d’effectif féminin ont enregistré une croissance de +30,7% de leur cours de bourse entre 2002 et 2006 contre 83,1% pour les autres.

Cette différence sur la progression du cours de bourse s’explique probablement par la différence de comportement qui caractérise les femmes et les hommes face à des situations de prise de risques : les premières seraient moins tenter d’en prendre quand les second fonceraient tête baissée.

3. Des stratégies différentes pour l’entreprise

C’est en tout cas ce que considère Michel Ferrary qui dans une étude d’octobre 2008 indiquait que « les stratégies plus prudentes des femmes » donnaient de meilleurs résultats en période de crise (d’après lui les entreprises du CAC40 les plus féminisées y résistaient mieux). Mais pour la période de 2002 à 2006 que couvrait l’étude qui nous intéresse, le marché boursier était en pleine croissance et ce sont donc les initiatives risquées, peut-être “plus masculines” qui étaient récompensées par une progression du cours de bourse.

Une étude publiée par des chercheurs de la très sérieuse université de Cambridge et qui s’est intéressé au pourcentage de femme chez les traders, renforce l’argument. En effet les scientifiques britanniques ont mis en évidence que si les femmes étaient autant absentes des salles de marché (moins de 3%), c’est parce que les performances des traders (dont tout le monde s’accordera sur le fait qu’elles tiennent à la prise de risque) sont corrélées à leurs taux de testostérone : une hormone produite en plus grande quantité chez les hommes.

D’aucuns diront que le succès des entreprises les plus féminisées tient principalement à la compétence de leurs équipes dirigeantes (peu importe que celles-ci soient composées en majorité d’hommes ou de femmes) et que l’importante taux de femmes n’en est qu’une conséquence : les meilleurs dirigeants ont bien compris que les bons éléments se recrutent chez les deux sexes.
Reste que même si c’est le cas, il n’en ressort pas moins que les entreprises qui présentent les meilleurs résultats de croissance, sont celles qui intègrent une forte proportion de femmes dans leurs effectifs et que l’exemple est toujours bon à prendre.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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