Macron veut serrer la vis aux salariés

Dans la logique libérale du ministre de l’Economie, la compétitivité des entreprises françaises est incompatible avec une politique salariale ambitieuse et fortement redistributrice.

Dans un entretien accordé au journal économique les Echos, Emmanuel Macron balise encore son discours libéral dont il imprègne l’action politique de François Hollande depuis 2012. Dans les colonnes du quotidien, le ministre nommé à Bercy en 2014, invite les entreprises à modérer salaires et dividendes pour gagner en compétitivité, et privilégier en retour « l’investissement  productif et l’emploi-formation ». Pour Macron, cette inflexion s’inscrit dans la continuité du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE)  qui avait permis aux entreprises de reconstituer leur trésorerie au moment où l’Allemagne lançait un SMIC à la française : «Il faut tenir et maintenir l’impact de cette dévaluation fiscale. Et la clef, c’est la modération salariale» martèle le ministre, ajoutant que cette question doit faire l’objet de négociations au plus proche du terrain « et de la situation de l’entreprise ».

Négocier le montant du salaire dans l’entreprise ?

Est-ce à dire qu’il faudra, dans un avenir proche, permettre aux entreprises de déroger au salaire minimum comme la Loi El-Khomri les autorise désormais à moduler le temps de travail en interne avec les syndicats ?  « Il faudra élargir le champ de la négociation collective au niveau de l’entreprise à d’autres domaines. Plus on ira vers l’entreprise, plus ce sera efficace» estime Emmanuel Macron qui juge l’opinion suffisamment mûre et « intelligente » pour accepter cette réforme : « La majorité des Français veut travailler, veut des progrès, est lucide» ajoute-t-il.

Le ministre refuse, en revanche, de légiférer sur le niveau de rémunération des grands patrons : « Évitons la réponse réflexe consistant à dire: ‘Il y a un problème, faisons une loi’. Il est hypocrite de déclarer ‘limitons la rémunération des dirigeants à 100 fois le SMIC’, alors que, suivant la Constitution, la loi ne peut pas limiter la rémunération des patrons avec un plafond fixe».

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