SFR dans les bras de Numericable

C’est officiel : Vivendi a choisi de céder sa filiale de téléphonie mobile à Numericable, filiale d’Atlice. L’offre de Bouygues finit donc aux oubliettes.

SFR va devenir Numericable, et vice-versa. Vivendi vient d’annoncer la nouvelle, après des semaines de tractations âpres entre les différents acteurs de la téléphonie mobile.

Comme l’a laissé sous-entendre (à regret) le ministre du Redressement Productif, ce matin sur les ondes d’Europe 1, le conseil de surveillance de Vivendi,  groupe qui détient SFR, «a décidé d’entrer en négociations exclusives avec Altice pour une période de trois semaines ». Atlice, c’est la maison-mère de Numericable qui devrait donc s’offrir le deuxième opérateur de téléphonie français pour 11,758 milliards d’euros.
Aux yeux des dirigeants de Vivendi, la prospition d’Atlice «est la plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe » et c’est celle qui « offre la meilleure sécurité d’exécution».

Qui investira dans la fibre ?

Le ministre de Redressement Productif  Arnaud Montebourgn’avait pas la même interprétation du dossier. Ces derniers jours, il a clairement affiché son soutien à Bouygues, dont la proposition de rachat aurait permis, selon lui, de rééquilibrer le marché de la téléphonie mobile en faisant passer le nombre d’opérateurs de quatre à trois (Bouygues/SFR, Free, Orange). Ce matin, il a affirmé que Numericable était « trop petit » pour absorber SFR et qu’à force d’avoir « les yeux plus gros que le ventre, on risque de se mettre en danger ».Numericable, déjà pénalisé par un passif de 7 milliards d’euros, alourdit effectivement sa dette de 10 milliards d’euros supplémentaires pour s’offrir SFR. Les réserves de Montebourg sont aussi d’ordre fiscale : il reproche au dirigeant d’Atlice de s’être expatrié en Suisse, de détenir des avoirs sur l’Ile de Guernesey, paradis fiscal britannique, et d’avoir ouvert « une holding au Luxembourg » pour gérer Numericable.

L’enjeu est sans doute plus complexe : aux yeux d’Arnaud Montebourg, la « victoire » de Numericable prive le marché français de la téléphonie mobile d’un mastodonte capable d’investir 30 milliards d’euros dans un réseau efficace de fibre optique.

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