Réforme du Travail : le double jeu de Manuel Valls

Lors de sa déclaration de politique générale, le premier ministre Manuel Valls a reproché au patronat d’affaiblir le dialogue social avec des « provocations ». Un clin d’œil aux députés frondeurs qui l’accusent d’être la voiture-balai du Medef.

Manuel Valls jouait gros cet après-midi devant l’Assemblée. Deux semaines après l’éviction d’Arnaud Montebourg et le remaniement du gouvernement, le premier ministre devait convaincre les députés de la majorité socialiste du bien-fondé de son projet économique destiné à fortifier la croissance tout en réduisant les déficits.

Préserver le dialogue social

Cette déclaration de politique générale s’inscrivait dans un contexte délétère dans le camp socialiste désormais divisé en deux courants : les partisans de l’orientation socio-libérale prise par le gouvernement, et les tenants d’un virage à gauche et d’une relance par le pouvoir d’achat. La veille, des propositions émises par le Medef avaient filtré dans la presse, décuplant la défiance des députés frondeurs qui reprochent à Manuel Valls de faire le jeu du Medef. Inutile de rappeler que le premier ministre avait, fin août, fait un triomphe à l’Université d’été du Medef en promettant, entre autres, de simplifier le Code du Travail. Lundi, l’équipe de Pierre Gattaz durcissait encore sa ligne en prônant la suppression des 35 heures et de deux jours fériés, ou encore la mise en place d’un Smic au rabais.

Des propositions que Manuel Valls a qualifié de « provocation » devant les députés, martelant, à l’adresse du patronat,  que « personne ne doit prendre le risque d’affaiblir, par je ne sais quelle surenchère, l’indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat ». Début juillet, la CGT et FO avaient refusé de participer à la grande conférence sociale, estimant que les dés étaient pipés en faveur du Medef. Ce matin encore, Pierre Gattaz, dans un nouvelle opération coup de poing,  affirmait que le modèle social français « avait vécu ».
Des propos qu’a réfutés le premier ministre : « Ce modèle, il faut l’adapter, le réinventer. Ce modèle n’est pas dépassé. Il est au cœur de l’identité de la nation ». Une manière d’écarter la piste d’une suppression des 35 heures ou de jours fériés.

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