Ressorti de derrière les fagots, ce contrat de travail au rabais figure dans le plan de réforme du marché de l’emploi. Emmanuel Macron avait tenté d’inclure le dispositif dans sa Loi pour la Croissance et l’Activité en 2015, avant de la retirer sous la pression des syndicats, extrêmement rétifs à l’idée que le CDI soit dénaturé et ne garantisse plus le même niveau de sécurité à ses titulaires. Sans grande surprise, il compte remettre ce plat brûlant sur la table des négociations à l’occasion de la réforme du Travail qu’il compte servir chaude aux français au cours de l’été. Concrètement, il s’agit d’élargir à plusieurs secteurs d’activité réputés mouvants un contrat d’embauche spécifique déjà utilisé dans les métiers du bâtiment. En théorie comme en pratique, le dispositif porte encore le nom de CDI sans en avoir les avantages. Dans le BTP, il permet d’employer de la main d’œuvre le temps d’un chantier, et de rompre son contrat de travail une fois que la mission est remplie, sans que l’employeur ait à engager une coûteuse procédure de licenciement économique. Plus fréquemment encore, il permet à l’entreprise de contourner le CDD (Contrat à Durée Déterminée) et de s’épargner le versement de la prime de précarité qui y est attachée. Voilà  grosso modo le système que le gouvernement espère étendre à certaines branches où les ajustements de personnels sont nombreux au regard de la spécificité de l’activité : c’est le cas de l’informatique, des services et du conseil aux entreprises, ou encore du secteur du numérique… Mardi, le premier ministre Edouard Philippe, confirmant les informations du journal Le Monde, a annoncé sur BFM TV que le projet d’élargissement du contrat de projet était une « une bonne discussion à avoir » avec les partenaires sociaux. Du côté patronal, la proposition devrait contenter tout le monde : le CDI à fin programmée est, par exemple, une vieille revendication du Medef. Dans plusieurs rangs syndicaux en revanche, une telle réforme reviendrait à suspendre une fiole de nitroglycérine au-dessus d’une cocotte minute.

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Bercy anticipe une légère accélération du PIB à 1,5% en 2017 malgré la mauvaise orientation du commerce extérieur et les incertitudes liées à l’élection présidentielle. L’an dernier, les prévisions du gouvernement se sont brisées sur le mur de la réalité économique : la France n’a décroché qu’un faible +1,1% de croissance en 2016, quand Bercy misait sur un taux annuel de 1,4% minimum, valeur sur laquelle le ministère avait d’ailleurs indexé le budget national. En Allemagne, le rythme de progression du PIB pourrait atteindre 1,9%, +2% en Grande-Bretagne et +3% en Espagne. En volume, la France se situe donc plutôt au niveau de l’Italie (environ +1% en 2016). Les faiblesses du commerce extérieur Comment analyser ce nouveau vrai-faux redémarrage alors que l’année écoulée s’était présentée, en France comme ailleurs, sous les meilleurs auspices avec un baril de pétrole au plus bas et des taux d’intérêt hyper-favorables, tendance qui s’est retournée, il est vrai, après l’été pour le carburant, au dernier trimestre pour le coût de l’emprunt ? Les plus gros ratés ont été observés dans la balance du commerce extérieur qui a pesé à hauteur de -0,9% sur le ralentissement de la croissance française. La baisse des échanges avec les pays émergents, la Chine principalement, s’est combinée avec les résultats négatifs enregistrés par deux des secteurs-clé du potentiel tricolore à l’exportation, l’aéronautique pénalisée par une mauvaise conjoncture internationale et l’agriculture victime de conditions climatiques calamiteuses. Baisse de l’euro Cette ardoise, déjà lourde, n’a pas été compensée par les autres moteurs traditionnels de la croissance, ni la consommation des ménages, pourtant en hausse par rapport à 2015, ni le tourisme en chute libre après les deux grosses vagues d’attentats de novembre 2015 et juillet 2016. Qu’en sera-t-il en 2017 ? Le gouvernement espère capitaliser sur le regain de confiance des entreprises qui investissent davantage depuis un an (+4,3%) et sur la baisse de l’euro par rapport au dollar (1,06 $ en mars) apte à offrir un nouveau ballon d’oxygène aux entreprises engagées sur les marchés mondiaux. Mais le plus gros point d’interrogation pèse sur les prochaines échéances électorales : Le ministre français de l’Economie et des Finances Michel Sapin (en photo) a indiqué mardi qu’il maintenait la prévision de croissance économique de la France à 1,5% cette année, malgré les doutes et la prudence suscitées par un scrutin présidentiel qui n’a jamais semblé aussi imprévisible.

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La hausse des tarifs autoroutiers prévue en février (+0,5%) n’aura pas lieu. Le gouvernement vient de décréter un gel provisoire des prix, le temps que la mission parlementaire, chargée d’examiner le bien-fondé des augmentations de péage intervenues ces dernières années, statue sur le devenir des contrats de concession signés entre l’Etat et les opérateurs.

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