Retraites complémentaires : la musique « hard » du patronat

Pour enrayer le déficit des régimes de retraite complémentaire, le patronat propose d’instaurer des décotes qui inciteraient les assurés à faire valoir leurs droits au-delà de 62 ans.

Les négociations sur l’avenir des régimes de retraite complémentaire ont commencé fort avec une première salve de propositions choc émise par le camp patronal.

Posons d’abord le contexte : actuellement les deux caisses Agirc et Arrco vivent sur leurs économies constituées à une époque où le chômage était plus bas, et les retraités moins nombreux. Cet équilibre a été mis à mal par la crise, au point qu’en 2013, les dépenses effectuées par le régime a dépassé, de plus de 2 milliards d’euros, son niveau de ressources. Depuis 2010, le bilan des deux caisses est négatif et ce déficit chronique risque de s’aggraver jusqu’en 2018, date à laquelle, si rien n’est fait, et dans l’hypothèse où la croissance économique resterait faible, l’Agirc aura épuisé ses réserves et ne sera plus en mesure de financer la pension complémentaire des cadres retraités (à moins d’emprunter bien sûr).

Un accord en juillet ?

En 2013 déjà, les partenaires sociaux, gestionnaires du système, avaient signé un accord qui décidait un gel du niveau des pensions en les décrochant du rythme de l’inflation (0,7% à l’époque)
Cette mesure pourrait être reconduite lors des quatre prochaines années, pour un gain estimé à 4 milliards d’euros. Problème : l’inflation est actuellement négative. Si cette situation perdure, elle pèsera sur le niveau d’économies réalisées.

Alors le patronat brandit d’autres solutions, dont l’une est très violente puiqu’elle passerait par l’instauration d’une décote pour les assurés qui partiraient à l’âge légal. L’idée serait d’inciter les travailleurs à partir de le plus tard possible, à 67 ans par exemple, âge auquel cette minoration ne s’appliquerait plus du tout. En revanche, un départ à 62 ans exposerait le cotisant à de sévères coupes dans le niveau de sa pension, de 20% à 40% la première année, selon les trois scénarios échafaudés par le Medef. On n’en est pas encore là évidemment, car les syndicats ont leur mot à dire. Les deux parties ont jusqu’à l’été pour aboutir à un accord.
Rappelons que 22 millions de français sont concernés par la retraite complémentaire, dont 4 millions de cadres.

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