Les 35 heures ont-elles vraiment créé de l’emploi ?

Selon un rapport réalisé par une députée socialiste, le passage aux 35 heures dans les entreprises aurait permis de créer 350 000 emplois depuis 1998. C’est deux fois moins que ce que n‘escomptait, à l’époque, le PS de Lionel Jospin.

Entre 1997 et 2002, 2 millions d’emplois avaient été créés en France, une dynamique inédite depuis les 30 glorieuses au point que, durant cette brève période d’euphorie, le taux de chômage avait reculé de 3 points, passant de 10,8% à 7,8% de la population active. Les français s’en souviennent peut-être, c’était l’époque des emplois-jeunes mis en place par le premier ministre Lionel Jospin, vainqueur des législatives surprises de 1997. Pendant trois ans, la France avait connu une  croissance exceptionnelle (+3% en 1998 et 1999, et +4% en 2000, à faire pâlir d’envie nos dirigeants d’aujourd’hui), supérieure même à celle de ses partenaires européens, avant la grosse rechute survenue en 2001, 2002 et surtout 2003, deux années de crise qui furent fatales à Lionel Jospin et la cause directe du séisme électoral du 21 avril 2002.

La moins coûteuse des politiques de l’emploi ?

C’était aussi l’époque des 35 heures : le nouveau premier ministre espérait, avec cette mesure, créer 700 000 emplois grâce à un meilleur partage du temps travail. Dès 1998, la première loi Aubry réduisait de 4 heures la durée hebdomadaire dans les entreprises de moins de 20 salariés, dispositif rendu obligatoire dans toutes les autres à partir de 2002, sans diminution de salaire. Pour compenser cette perte de compétitivité, l’Etat accorde encore jusqu’à  20 milliards d’euros par an d’exonérations de charges sociales aux entreprises.

Un rapport réalisé par la députée socialiste Barbara Romagnan propose d’aller encore plus loin en engageant de nouvelles mesures de réduction du temps de travail. Le document étaye son argumentaire sur le « bon bilan » des 35 heures à l’origine, selon lui, de « 350 000 créations d’emploi » (un résultat pourtant inférieur, on l’a vu, aux objectifs initiaux).

Pour l’élue socialistes, le dispositif des 35 heures s’est révélé «moins coûteux» que les autres politiques en faveur de l’emploi: «2,5 milliards d’euros pour l’administration et 2 milliards d’euros pour les entreprises, soit 12 800 euros par emploi créé ». la réduction du temps de travail a, selon cette députée « frondeuse », a été moins chère « que les exonérations de cotisations sociales sans conditions».

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