Prise de « têtes » au Medef

Le torchon brûle entre l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot et celui qui lui a succédé à ce poste en 2013, Pierre Gattaz. Dans une lettre, ce dernier se dit « choqué » des critiques que son prédécesseure formule régulièrement à son encontre, par médias interposés.

On savait déjà qu’en juillet 2013, la succession à la tête du Medef ne s’était pas faite dans la dentelle. Laurence Parisot, présidente depuis 2005, avait tenté de modifier les statuts de l’organisation patronale dans l’espoir de faire un nouveau mandat, mais son bureau exécutif s’était opposé à cette opération, que certains n’avaient pas hésité à qualifier de tentative de putsch.

L’élection de Pierre Gattaz, patron de Radiall, et fils d’un ancien président du CNPF, ancêtre du Medef, avait, entre autres, révélé le peu d’estime que se portent mutuellement les deux protagonistes*.

Cette guerre d’égo s’est poursuivie ces derniers mois, alors que Pierre Gattaz se trouvait en première ligne dans la négociation du pacte de Responsabilité offrant 30 milliards d’euros de baisses de charges aux entreprises. Maintes fois, Laurence Parisot est montée au front, critiquant certaines des prises de position de l’actuel président du Medef, et hurlant avec les loups lorsque ce dernier s’est, en avril dernier, dit favorable à l’instauration d’un smic-jeunes. Sur Twitter, l’ancienne chef de fil du patronat dénonçait alors, tout de go, « la logique esclavagiste » d’une telle proposition. Peu de temps auparavant, elle plaidait en faveur du maintien du régime des intermittents que Gattaz souhaitait opportunément détricoter dans le cadre de la réforme de l’assurance-chômage.

Une devoir de réserve pour Laurence Parisot ?

Voilà pour le climat. Celui-ci vient encore de tourner à l’orage après que Pierre Gattaz a, dans une lettre personnellement adressée à Laurence Parisot, dit sa façon de penser. Dans ce courrier que le journal Le Monde s’est procuré, l’actuel patron des patrons se dit « choqué » par certains propos tenus à son endroit par son ancienne collègue devenue présidente d’honneur du Medef, « sur des sujets » qu’il portait « au titre de notre institution ».

Il ajoute « Votre statut d’ancienne présidente vous impose, plus qu’à quiconque et comme à vos prédecesseurs, une obligation de réserve dans votre commentaire de l’action du Medef». Pierre Gattaz se dit toutefois « disposé à écouter » ses « remarques et conseils », à condition qu’ils soient « formulés en bilatéral plutôt que sur les ondes ». Par la même occasion,, il demande à Laurence Parisot de veiller à ce que la mention « ancienne président du Medef » n’apparaisse pas à l’écran lorsqu’elle donne des interviews.

Très vite l’intéressée a réagi à ces propos qui trahissent selon elle une « attitude misogyne »: « C’est stupéfiant. C’est une façon choquante de réécrire l’histoire. C’est comme s’il souhaitait que de Gattaz à Gattaz, il ne se soit jamais rien passé. Cette lettre est aussi une façon de dire : femmes, taisez-vous ! »

* La bisbille date peut-être de 2007 lorsque laurent Parisot avait porté plainte pour diffamation contre des dirigeants de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie), syndicat dans lequel siègeait alors Pierre Gattaz.

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