Créer son entreprise en six étapes

De l’idée à la réalité, voici une trame possible pour le déroulement des opérations.

Créer son entreprise est une aventure en-soi à laquelle tout le monde peut goûter. L’esprit d’initiative et la ténacité de l’entrepreneur sont deux qualités indispensables parmi tant d’autres nécessaires pour atteindre ses objectifs, humains comme financiers. Toutefois, avant de pouvoir vendre son premier produit, ou, de réaliser sa première prestation, les étapes sont nombreuses, mais permettent d’affiner son projet dans les moindres détails.

1. Une idée est à la base de toute entreprise
Dans un premier temps, et selon votre idée, il est nécessaire de définir précisément cette dernière. Cette étape permet d’identifier clairement le potentiel marchand de votre concept, et, d’en délimiter l’implication pour le créateur (temps, argent, disponibilité). Votre idée est-elle novatrice ? S’agit-il d’une innovation majeure ? Le produit ou le service imaginé est-il déjà présent sur le marché ? Autant de questions qui permettront de pondérer la réalité de votre projet.

A ce stade, il est indispensable de rassembler toutes les informations relatives à ce dernier. A ce titre, une étude de marché vous permettra de connaitre les tenants et les aboutissants de votre cible potentielle. La connaissance de son marché est extrêmement importante car vous pourrez ainsi identifier vos concurrents, les produits déjà existants, la typologie exacte de votre cible (âge, habitudes, attentes, etc…), les canaux de distribution préférentiels ou encore les zones géographiques clés.

Pour vous aider, de nombreux organismes sont à votre entière disposition comme la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) de votre département, la boutique de gestion, la Chambre des métiers, les instituts de statistiques (Insee, greffe du tribunal, etc…), les bibliothèques, la presse spécialisée et bien sûr internet. Suite à cela, vous pourrez définir avec plus de pragmatisme votre stratégie commerciale, à savoir la clé de voûte de votre développement.

Egalement, n’hésitez pas à évoquer votre idée à vos proches afin de la tester. Le fait d’être à l’écoute des suggestions et des remarques des autres vous permettra d’affiner d’autant plus votre projet. En effet, une fois la tête dans le guidon, il est parfois complexe d’avoir les idées claires sur des points pourtant cruciaux. La patience est mère de sureté. Grâce à cette étape, vous allez aussi pouvoir fixer vos propres objectifs personnels, à savoir les raisons qui vous poussent à créer une entreprise (liberté, création d’emploi, pour le statut social, etc…). L’adaptation sera constante en fonction des données qui vous puiserez ici et là, au niveau technique, commercial, comptable ou encore marketing.

 

2. Le Business Plan, un support clé
Au-delà des aspects conceptuels, les chiffres sont primordiaux au sein d’une entreprise. C’est pourquoi la réalisation d’un business plan est particulièrement importante. Cette étape ne doit être amorcée que si vous avez déjà étudié toutes les pistes concernant votre produit ou votre service. Ainsi, votre projet sera déjà abouti avant de passer aux données chiffrées.

Cet outil fondamental à la création d’une entreprise vous permettra de concrétiser votre idée avec des chiffres précis basés sur vos recherches précédentes, notamment en termes de potentiel du marché et des prix de vente pratiqués. Aussi, ce document vous sera demandé par la majeure partie de vos partenaires qui pourront ainsi jauger de la viabilité économique de votre projet. En général, le business plan se décompose en 3 parties principales.

La première est relative à votre parcours et vos ambitions, vous pourrez ainsi expliciter vos motivations et vos objectifs. Dans un deuxième temps, il s’agira de présenter votre projet dans les moindres détails. Du produit ou service proposé à l’analyse de votre cible, en passant par les moyens à disposition et votre stratégie commerciale, vous devrez tout expliciter pour ne laisser aucune zone d’ombre qui serait fatale, notamment si vous avez besoin de financement. L’objectif du business plan est d’argumenter de façon chiffrée et réaliste les possibilités de votre projet.

C’est également à cette étape qu’il faut évoquer les moyens humains nécessaires. Le capital humain reste le cœur de la réalisation de votre projet. Enfin, dans un troisième temps, il est nécessaire de réaliser un dossier prévisionnel sur les 3 premières années. Un compte de résultat vous sera demandé, comme le plan de financement et votre besoin en fonds de roulement, le fameux B.F.R.. Automatiquement, vous connaitrez ainsi votre seuil de rentabilité, un paramètre indispensable pour la viabilité économique de votre structure.

2. Nom commercial et statut juridique

3. Un nom à protéger

Comme pour toute entité, il vous sera nécessaire de donner un nom à votre structure mais aussi à votre marque. Pour cela, vous devrez réaliser une recherche auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle). Vous pourrez ainsi vous assurer que le nom que vous souhaitez donner à votre entité est libre de droit au risque de rentrer en conflit avec des tiers, voire des concurrents. Pour déposer votre nom, vous devrez réaliser une demande auprès de l’INPI par le biais de 5 documents fournis par ce dernier. De vos coordonnées aux détails des produits concernés, en passant par l’identification du ou des secteurs visés et une description de la marque (couleur, police, etc…), il est nécessaire d’être précis pour éviter tous les désagréments ultérieurs.

Ensuite, cette demande sera à déposer à l’INPI ou au Greffe du tribunal de commerce de votre département. Aussi, si vous souhaitez réaliser un site internet, veillez à réserver votre nom de  domaine. Vous avez le libre choix concernant l’extension, toutefois, vous pouvez privilégier le « .fr » si votre marché est hexagonal, ou, le « .com » si vous ciblez également d’autres contrées. Ne négligez pas cette étape car le nom de votre marque sera la première information reçue par vos clients potentiels, aussi, votre stratégie de communication sera basée sur ce paramètre.


4. Choisissez votre forme juridique
En France, il existe un très grand nombre de statuts différents possibles. C’est pourquoi, nous nous attarderons uniquement sur les principaux qui sont concernés par la création d’entreprise. Suite à votre création d’entreprise, vous disposerez automatiquement d’un numéro SIREN et SIRET auprès du Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Deux formats se détachent, il s’agit de l’Entreprise Individuelle (aussi appelée EI) et de la Société Anonyme à Responsabilité Limitée (aussi appelée SARL).
Concernant la première, il peut s’agir d’une EI classique, d’une EIRL (à responsabilité limitée) ou encore d’une AERL (auto-entrepreneur). Les deux dernières possibilités citées sont particulièrement récentes en France.

Elles vous permettent de vous établir rapidement sans paperasse superflue, soit par internet, soit directement auprès du Greffe du tribunal de votre département. La principale différence entre les deux est relative au chiffre d’affaires. L’auto-entrepreneur est plafonné à 33 300 euros pour les prestations de service et à 83 200 dans le cadre d’une activité de vente de marchandise. Une fois ces volumes dépassés, il est obligatoire pour l’entrepreneur de passer en EIRL ou en EI.

La première est une version assouplie de la seconde dont l’objectif est de promouvoir la création d’entreprise (patrimoine personnel sauvegardé dans le cadre d’une EIRL). Au contraire du statut d’auto entrepreneur où il faut uniquement régler ses cotisations de façon mensuelle ou trimestrielle (en moyenne, 21 % de votre chiffre d’affaires), il sera alors nécessaire de déposer ses comptes annuels et d’avoir un recours à un comptable pour valider ces derniers. Vous paierez alors vos cotisations en même temps que les salaires notamment. La grande partie des secteurs d’activité sont englobés par ces statuts. L’imposition se réalise dans les premières années sur le revenu ainsi généré.

Au sujet de la SARL, cette dernière est nécessaire s’il y a deux associés ou plus. Un capital social de départ est demandé pour notamment déterminer les parts des différents gérants. Aussi, les apports numéraires comme matériels (ordinateur, voiture, etc…) et immatériels (site internet) peuvent entrer en ligne de compte pour cette détermination.

Selon les secteurs d’activité, le capital social peut permettre de rassurer vos partenaires puisqu’il s’agit de la somme incompressible qui servira de remboursement à ces derniers en cas de faillite. Les comptes annuels doivent être déposés d’où la nécessité d’un comptable pour viser ces derniers. En cas de bénéfice, le taux d’imposition est de 33,1 %. Aussi, l’impôt sur les sociétés est taxé dans le cadre d’une SARL.

A noter que les formalités sont plus lourdes car il faut fournir des statuts et remplir plusieurs formulaires (M0 et attestation achat d’un fond de commerce notamment). Ces informations sont à reporter au Greffe du tribunal de commerce et apparaitront sur le journal officiel.

3. Financement et implantation

5. Financer votre projet

Selon vos ambitions et la nature de votre projet, l’argent reste le nerf de la guerre. Grâce à votre business plan notamment, il vous sera possible de déterminer la somme dont vous avez besoin pour créer votre entreprise. De nombreux financements sont possibles en France. Tout d’abord et avant de réaliser des demandes aux différents organismes, il est important d’évaluer, si possible, le montant de votre apport personnel. Ce dernier pourra rassurer vos financeurs potentiels, surtout si vous avez besoin de contracter un crédit auprès d’une banque. Il s’agit d’un plus non négligeable, c’est pourquoi vous pouvez avoir recours à des fonds provenant de votre famille par exemple pour amorcer la trésorerie de votre structure.

Plusieurs sources de financement existent. La banque est capable de financer vos besoins à hauteur de 70 % des investissements nécessaires, notamment en terme de fond de roulement. Les tenants et les aboutissants sont à définir au cas par cas avec votre conseiller. Aussi, vous pourriez avoir recours au PCE, à savoir le Prêt à la Création d’Entreprise auprès des établissements bancaires par le biais de l’Etat. Entre 2 000 et 7 000 euros peuvent ainsi être débloqués sans aucun besoin de garantie, ni de caution. A noter que ce dernier ne peut qu’accompagner un premier prêt bancaire ou un autre financement (ADIE notamment). Vous pouvez contacter Oseo pour en bénéficier.

Les prêts d’honneur peuvent aussi être une solution viable. Ces derniers sont contractés par l’ADIE et les collectivités territoriales. Il s’agit d’une solution idéale pour les petits projets. Aucune garantie personnelle n’est demandée et le montant maximal est de 5 500 euros à rembourser sur plusieurs années. L’ACCRE et l’EDEN vous permettront de bénéficier d’une exonération des charges sociales lors de la première année d’activité, et, de nombreux conseils d’experts (comptabilité, juridique, financier, etc…). A noter que vous devez réaliser une demande avant la constitution de votre société.

Enfin, si votre besoin de financement est conséquent, alors vous pouvez avoir recours au capital-risque et autres Business Angels. Il s’agit de groupement de particuliers et d’investisseurs qui financent votre démarrage en échange de parts auprès de votre capital social. Les plus connus sont France Angels, la Fédération des Cigales ou encore l’AFIC.

6. implanter votre entreprise
Pour lancer votre activité, plusieurs solutions s’offrent à vous afin de disposer d’un lieu de travail. Il est possible de s’installer à son propre domicile afin de ne pas générer des charges supplémentaires, surtout au début. Il est toutefois, au niveau législatif, interdit de recevoir des clients ou de stocker de la marchandise à votre domicile. Egalement, vous pouvez domicilier votre entreprise au sein d’une société de domiciliation qui vous fournira une boite postale, des bureaux et des salles de réunion.

La pépinière, aussi appelée incubateur, est une possibilité qui existe aux quatre coins de France. Afin de vous aider lors de votre démarrage, des locaux accueillent les entrepreneurs sur une durée moyenne allant de 23 à 48 mois. Les charges sont partagées et de nombreux experts sont aux commandes, un double-avantage non négligeable. Vous pouvez aussi avoir recours à un bail commercial pour installer votre entreprise. Il s’agit d’une solution cohérente si votre projet bénéficie d’une concrétisation réelle, au niveau financier comme humain. Enfin, vous pouvez acquérir un fonds de commerce pour exercer votre activité. Cette alternative est idéale pour une boutique, qui peut alors bénéficier notamment d’une clientèle déjà existante.

En somme, de nombreux éléments sont à déterminer pour créer son entreprise mais les formalités sont bien moins lourdes qu’auparavant. Votre énergie et votre capacité à rebondir seront les clés de voûte de votre réussite entrepreneuriale.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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