Le niveau d’inflation sur un an devrait théoriquement conduire à un abaissement record du taux du Livret A au second semestre 2015. Pas sûr que le gouvernement prenne ce risque lors d’une année électorale.
Pour ceux qui l’ignorent, rappelons que le taux d’intérêt du Livret A doit, en théorie, suivre le rythme d’inflation, autrement dit l’évolution de la courbe générale des prix (hors tabac). Après une phase négative traversée en début d’année, cet indice est progressivement repassé dans le vert au deuxième trimestre et atteint +0,3% en juillet. Malgré cette remontée, la stricte application de formule de calcul du niveau de rémunération de l’épargne populaire devrait conduire le gouvernement à opter pour une baisse du coefficient à 0,3% majoré, comme le veut la tradition, d’un quart de point, soit +0,5% à l’arrivée. C’est sans doute ce que va préconiser cette semaine la Banque de France, par la voix de son gouverneur Christian Noyer, désireux de se conformer à la politique bancaire de Francfort qui desserre ses taux depuis un an afin de relancer la circulation monétaire.
Un nouveau maintien à 1%
Pour les épargnants français, le coup serait rude. L’actuelle barre à 1% constitue, dans leur psychologie, un plancher au-delà duquel la rentabilité du Livret A devient nulle ou presque. Sur le terrain, ce défaut de confiance s’est traduit par une décollecte de près de 10 milliards d’euros depuis la mi-2014, au profit d’autres supports de type assurance-vie et Plan d’Epargne Logement (PEL).
Début 2015, le gouvernement avait bien cerné l’enjeu et choisi le statu quo, en dépit de la désinflation et des moulinets de Christian Noyer qui réclamait à abaissement du taux à 0,75%. Beaucoup y avaient vu une évidente manœuvre politique à deux mois des élections cantonales. En août, le maintien ou non de cette stratégie se posera de nouveau pour le gouvernement de Manuel Valls qui voit déjà poindre les scrutins régionaux (décembre).