Medef et gouvernement: la course (fatale) à l’échalote

Alors que le Medef réclame toujours l’abandon du compte-temps pénibilité et le retrait de l’obligation d’information lors des cessions d’entreprise, le ministre des Finances Michel Sapin a sèchement enjoint Pierre Gattaz à tenir sa promesse de créer « un million d’emplois ».

Entre le Medef et le gouvernement, c’est toujours la course à l’échalote. A tel point que le désormais culte « j’aime l’entreprise » scandé fin août par le premier ministre Manuel Valls prend déjà un arrière-goût de périmé. Depuis des mois, le patronat réclame à cor et à cri la suppression du dispositif sur la pénibilité et le retrait d’une mesure phare de la Loi Hamon qui oblige, depuis le 1er novembre, les dirigeants à informer leurs salariés de leur projet de cession d’entreprise. Nez sur le guidon, Pierre Gattaz a encore appuyé sur le champignon en fin de semaine dernière en proposant que la France sorte de la convention 158 définie par l’Organisation internationale du travail (OIT) selon laquelle les employeurs se doivent de justifier le licenciement de leurs salariés. Et de pousser la surenchère jusqu’à annoncer une grande manifestation nationale « avant la fin de l’année » qui servirait d’exutoire aux patrons « à crans ».

Créer un million d’emplois : une promesse en l’air ?

Voilà pour l’ambiance. Derrière les petites phrases et les annonces choc, il y a des inquiétudes, de vraies : celles du gouvernement qui commence à douter de l’efficacité du Crédit d’Impôt Compétitivité-Emploi (CICE) accordé depuis 2013 aux entreprises. En septembre dernier, le ministre des Finances Michel Sapin avait déjà reconnu que le dispositif n’aurait pas d’effet direct sur le niveau d’emplois, arguant que « ce n’est pas comme ça que fonctionnent l’économie et les entreprises ». Rappelons que le CICE n’est qu’une composante du Pacte de Responsabilité annoncée en grand pompe par François Hollande il y a déjà presque un an. Cette grande main tendue au patronat doit se traduire par une baisse de charges de 40 milliards d’euros, et notamment la fin du financement de la politique familiale par les cotisations patronales. Un chèque en blanc ?

Lors d’une interview sur France Inter, Miche Sapin a ironisé sur « Monsieur Gattaz et son pin’s à un million d’emplois », l’invitant (gentiment) à « tenir sa promesse ».

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