Une baisse paradoxale du chômage au premier trimestre 2015

D’après Pôle Emploi, le nombre de demandeurs d’emploi augmente, mais, pour l’Insee, le taux de chômage recule. Comment expliquer cette étrangeté ?

C’est l’art des chiffres que d’aller, parfois, contre les tendances et les évidences ressenties sur le terrain. Lundi, le ministère du Travail a publié une nouvelle série de chiffres catastrophiques sur l’évolution du chômage : 26 600 personnes supplémentaires ont dû s’inscrire sur les tablettes de Pôle Emploi en avril. Une brusque accélération de la courbe après un premier trimestre au rythme plus modéré (grâce aux bons chiffres de janvier) mais négatif sur l’ensemble de la période (+0,3%).

30 millions d’actifs

Dans le même temps, le taux de chômage aurait baissé de 0,1 point, passant donc de 10,1% à 10% de la population active (10,3% avec l’outre-mer). Ces chiffres se révèlent meilleurs que les prévisions initiales établies par l’Insee, auteur de l’étude, qui anticipait des taux à 10,1% pour la métropole, et jusqu’à 10,5% avec l’Outre-mer, au premier trimestre 2015.

Comment expliquer ce décalage avec les bilans, désastreux, issus des registres de Pôle Emploi. Tout est affaire de mathématique. Le taux de chômage est calculé par rapport au nombre d’actifs qui comprennent, rappelons-le, tous ceux qui ont un emploi, mais aussi les jeunes en âge de travailler…et les chômeurs eux-mêmes (pas les retraités, évidemment). Or, cette large frange de la population (près de 30 millions) a tendance à augmenter plus vite que le chômage, ce qui fait mécaniquement baisser le taux. D’après l’Insee, 33 000 personnes sont entrées sur le marché du travail sur le seul premier trimestre 2015, au moment où Pôle Emploi enregistrait, on l’a vu, quelque 10 000 inscriptions supplémentaires.

La comptabilisation de l’Insee, qui se fonde sur une série d’enquêtes, une méthodologie conforme aux critères définis par le Bureau International du Travail (BIT) aboutit à un total de 2,9 millions de chômeurs de catégorie A, soit 600 000 de moins que les estimations de Pôle Emploi (3,5 millions).

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