Chômage : inversion ou…diversion ?

Au mois d’octobre, Pôle Emploi a enregistré moins d’inscriptions de chômeurs en catégorie A (- 20 500) mais le nombre réel de demandeurs d’emploi a continué d’augmenter (+0,8%). Une réalité sur laquelle s’est assis le gouvernement en évoquant « l’amorce » d’une inversion de la courbe du chômage, comme l’avait promis François Hollande.

C’est bien connu, on peut faire dire tout et n’importe quoi aux chiffres. Une partie des statistiques du chômage livrées hier soir par l’Insee va dans le sens des objectifs que s’est fixé il y a un an le gouvernement : faire baisser le nombre d’inscrits de catégorie A à Pôle Emploi. Dans ce « tiroir », l’administration range les chômeurs qui ne comptent, sur un mois, aucune heure de travail à leur actif. Leur nombre a baissé de 20 500 en octobre (-0,6%). Un recul qui s’explique, structurellement, par la compensation apportée par les emplois aidés (80 000) sur le marché, toujours déclinant, du travail.

Car, dans le même temps, la courbe globale du chômage ne s’est pas inversée. Normal lorsque le taux de croissance est si bas (-0,1% au troisième trimestre) : le nombre de demandeurs d’emploi inscrits dans les catégories B et C, qui regroupent ceux qui ont déclaré quelques heures de travail le mois dernier tout en continuant à percevoir une partie de leurs allocations chômage, a fortement progressé, de +23 500 pour la première, et de +36 400 pour la troisième, l’ensemble portant le nombre total de chômeurs à 4 800 000 en métropole.

La baisse réelle du chômage dépendra du niveau de croissance

En mixant l’ensemble de ces paramètres, le chômage global est donc en hausse de +0,8%. Il y a donc une « vraie » courbe du chômage, qui dépend de l’activité économique réelle, et une « fausse » courbe du chômage sur laquelle le gouvernement tente d’agir à grands coups d’emplois subventionnés, une politique qui a forcément ses limites en pleine période de disette budgétaire.

Dans un communiqué  publié dès jeudi soir, l’Elysée a souligné qu’« un premier résultat est acquis et confirme que la bataille de l’emploi peut être gagnée ».

De son côté, le ministre du Travail Michel Sapin a estimé que ces bons chiffres traduisent une reprise, encore insuffisante mais réelle, de l’activité économique, et que seule la croissance doit « permettre de confirmer dans les mois à venir l’amélioration » observée au mois d’octobre.

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