Baisse des charges : le gouvernement va- t-il reculer ?

Lors d’une visite à l’Institut de recherche technologique Jules-Verne de Bouguenais (Loire-Atlantique), le premier ministre Jean-Marc Ayrault a, comme l’avait martelé François Hollande pendant sa campagne électorale, privilégier la piste de l’innovation par rapport à celle d’une baisse du coût du travail, pour rendre de la compétitivité aux entreprises françaises.

C’est la définition de la compétitivité version Ayrault. Ce fut celle de François Hollande pendant sa campagne présidentielle. Au bout du compte, il faut bien reconnaître que c’est la tergiversation qui, depuis quatre mois, prévaut au sein du gouvernement sur la question très épineuse de la compétitivité.

La thèse du coût du travail contre la thèse de l’innovation

Pourquoi la patate est-elle si chaude ? Pour plusieurs raisons. Deux argumentaires s’affrontent dans ce dossier dont l’enjeu s’annonce crucial pour le quinquennat socialiste. Celui du patronat en général, qu’avait d’ailleurs suivi Nicolas Sarkozy, lui-même reprenant les recettes de l’ancien chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schröder  (1998-2005).  Et celui défendu par les socialistes français, au sens large du terme.

Le premier pose la question du coût du travail comme une condition centrale apte à injecter un regain de compétitivité dans l’économie française.

L’équation est simple : on baisse les charges pesant sur les salaires et on les transfert sur un autre mécanisme fiscal. Schröder avait opté pour une revalorisation de la TVA allemande. Sarkozy voulait faire la même chose. Mais les socialistes s’y sont toujours opposés, estimant que le déficit de compétitivité dont souffrent les entreprises françaises procède davantage d’une politique d’innovation par trop timide.

Le projet porté par François Hollande pendant la campagne présidentielle, également partagé par les syndicats et la quasi-totalité de la gauche modérée, privilégie la mise en place d’une politique publique visant à encourager l’innovation dans les entreprises françaises. La question du coût du travail n’est pas niée mais elle est reléguée au second plan. Est-ce une simple posture idéologique ?

On va finir par le croire car les atermoiements vont bon train depuis plusieurs semaines dans les rangs du gouvernement. Il y a encore quinze jours, on apprenait de sources diverses que Bercy envisageait un programme d’abaissement de charges patronales de 40 milliards d’euros sur cinq ans.

La contrepartie fiscale n’était pas précisée (le rapport de Louis Gallois apportera sûrement des solutions le 5 novembre), bien qu’une hausse de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) demeure  la piste la moins difficile à admettre pour la majorité socialiste. La plus logique aussi depuis que les députés ont abrogé le projet de TVA sociale mis en route par Nicolas Sarkozy avant l’échéance de son mandat présidentiel. Là aussi les idées se battent-elles sur le seul terrain binaire de l’idéologie politique ?

Pas de « choc de compétitivité » en vue mais un effort progressif

Ce matin, la musique a encore changé. Revenant sur ses terres ligériennes pour visiter l’Institut de recherche technologique Jules-Verne de Bouguenais (Loire Atlantique), le premier ministre Jean-Marc Ayrault, entouré du ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg (dont on connaît les réticences à propos d’une hausse générale de la CSG) et de la ministre des PME Fleur Pellerin, a donné l’impression de danser la gigue en changeant de répertoire sémantique.

Le premier ministre a commencé par renier le «choc de compétitivité» que les patrons appellent de leurs vœux, lui préférant le terme de « trajectoire » qui serait ouverte par d’autres priorités que celles liées  à une hypothétique baisse coût du travail.

« On me dit la trajectoire, c’est moins bien que le choc, mais ce que je veux provoquer c’est un choc de confiance, un choc de mobilisation » a martelé le premier ministre.

«Si vous pensez que la politique de compétitivité, c’est uniquement l’allégement des charges, c’est que vous ne connaissez pas le dossier!» a-t-il encore lancé, citant des « pistes variables » relatives à des «aspects financiers, des aspects de structure, d’organisation, les filières, comment faire grossir entreprises de taille moyenne… ». il a aussi parlé de « la qualité, l’innovation, le service, l’identification des marques ».

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